Face à ce tueur invisible, le capitaine Nassim Bernaoui met en avant la sensibilisation sur l’utilisation des appareils fonctionnant au gaz naturel, notamment la détection des fuites de gaz et la vérification des grilles d’aération.
Le monoxyde de carbone, connu sous le nom de tueur silencieux, est l’une des principales causes de mortalité par intoxication durant la période hivernale. Depuis le début de l’année, 26 personnes ont déjà trouvé la mort suite à son inhalation et 443 furent secourues par les services de la Protection civile. Intervenant, jeudi dernier, sur les ondes de la Chaîne I de la Radio nationale, le chef du bureau de l’information et de l’orientation à la Direction générale de la Protection civile, le capitaine Nassim Bernaoui impute cette situation inquiétante «au non-respect des consignes de sécurité, notamment en matière d’installation des appareils de chauffage à gaz et de chauffe-bain». Toutefois, ajoute-t-il, «une instruction de novembre dernier oblige les fabricants et les importateurs à équiper leurs produits d’un détecteur de monoxyde de carbone». «Le risque demeure car plusieurs domiciles n’en sont pas équipés», soutient l’intervenant qui ne cache pas la crainte d’une hausse du nombre de victimes, en raison de la vague de froid annoncée par les services météorologiques. Pour lui, «il faut se doter d’un détecteur actuellement disponible sur le marché à des prix relativement accessibles». Face à ce tueur invisible, Bernaoui, qui évoque la mobilisation permanente face au danger, met en avant la sensibilisation qui permet de donner des conseils pratiques sur l’utilisation des appareils fonctionnant au gaz naturel, de vulgariser les méthodes de détection des fuites de gaz et de vérifier les grilles d’aération. «Il faut veiller à l’installation des appareils par des professionnels qualifiés agréés, l’entretien et au nettoyage périodique des appareils, la ventilation des locaux contenant des appareils à combustion par des bouches d’aération et plus particulièrement pour ce qui concerne les combustibles gazeux», recommande-t-il. Le capitaine souligne la nécessité de respecter les mesures de sécurité au sein des habitations mais aussi dans les administrations, les écoles et les résidences universitaires. Pour faire prendre la mesure du danger, il a aligné des statistiques macabres. En 2020, 126 personnes sont mortes asphyxiées au monoxyde de carbone et pas moins de 2.247 autres ont été prises en charge lors de 2.200 interventions effectuées par les éléments de la Protection civile. Une légère baisse par rapport à 2019 où 57 victimes ont été recensées.
L’APOCE plaide pour plus de mesures de sécurité
Invité à la même émission, Mustapha Zebdi, président de l’Organisation algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (Apoce), a plaidé pour «la dotation de tous les domiciles d’un détecteur de monoxyde, dont le coût sera déduit sur la facture trimestrielle d’électricité». «Un achat qui ne va pas impacter les budgets des familles au revenu faible et qui va réduire le nombre d’accidents domestiques», a-t-il ajourté. Pour lui, «l’instruction applicable depuis le mois de novembre 2020 n’est pas suffisante car des milliers de foyers ont acquis leurs appareils, bien avant son instauration». «Les domiciles doivent tous disposer du détecteur mais cela nécessite de longues années», estime-t-il. «Pour éviter la catastrophe, nous devons accélérer la procédure pour doter les foyers de l’indispensable détecteur», insiste Zebdi, qui rappelle que «l’Apoce a adressé ces recommandations aux pouvoirs publics et à la Commission de régulation de l’électricité et du gaz pour trouver une procédure pour réduire les risques». «Le paiement peut se faire par échéance, sur une durée allant jusqu’à une année», propose-t-il avant de mettre en garde contre les risques élevés en cette période de chute des températures.
Samira Azzegag