Le gouvernement veut donner un coup d’accélérateur au processus de numérisation du secteur des finances. Il en fait même un axe majeur de son plan d’action. Pourquoi celle-ci est plus importante que jamais ? Quel sera son effet ? Selon l’analyste financier, Souhil Meddah, nombreux sont les avantages de la numérisation. Il citera, notamment, la limitation de l’usage incontrôlé de la monnaie, la gestion sécurisée et contrôlée des transactions financières, la détection facile des impositions attachées aux plus-values et aux richesses créées et la garantie de la parfaite traçabilité de sécurité. «C’est-à-dire, demain, en cas d’investigation ou dans le cadre d’une enquête quelconque, toutes les transactions sont détectées. Le consommateur et l’opérateur ainsi que tous les agents économiques sont protégés», a-t-il soutenu. Concernant les étapes de la numérisation, notre interlocuteur a souligné qu’avant de parler de numérisation du secteur financier, il se doit de penser à numériser d’abord et impérativement la sphère commerciale, entre autres, les centres de transaction et d’échange, la grande distribution, les ventes au détail et en gros. Et ce n’est pas pour rien. Il a estimé qu’on doit commencer à numériser les espaces où il y a le plus grand nombre de petits porteurs : les centres de distribution, les stations-service, la billetterie d’avion, les assurances et les services de location. «Il s’agit de tous les secteurs en priorité attachés au petit porteur qui est le premier consommateur de base. Ce n’est qu’une première étape avant une restructuration bien plus profonde de tout le réseau et l’organisation de toutes les transactions qui sont entre opérateurs économiques», a-t-il dit.
Craintes
Il dira que les principales craintes qui se posent avec acuité sont liées à la protection de la signature et aux aspects juridique et technique. S’agissant de la ressource humaine à même d’accompagner le processus de numérisation, notre interlocuteur a souligné que les législateurs sont là pour anticiper sur tous les mouvements, les besoins, la signature, la sécurité et la gestion des transactions. A cela s’ajoutent les techniciens qui doivent veiller à ce que le système fonctionne normalement et à tout moment. «L’intérêt est de pouvoir garantir zéro dysfonctionnement», a-t-il indiqué. Enfin, il y a les banquiers qui détectent les opérations TPE et veillent à ce que le réseau soit ouvert tout le temps. Expert international en économie, Abderrahmane Mebtoul a soutenu que la numérisation est une «nécessité vitale» pour pouvoir asseoir la transparence dans les transactions et, par ricochet, la bonne gouvernance dans le secteur des finances. Il a regretté que celui-ci accuse toujours un retard en matière de numérisation. «Parmi tous les ministres qui se sont succédé ces 10 ou 15 dernières années, aucun n’a fait la réforme de la numérisation du système financier», a-t-il regretté. Pour lui, les obstacles ne sont pas d’ordre technique puisque les Algériens maîtrisent les nouvelles technologies, notamment l’informatique. «Des groupes d’intérêt ne veulent pas de la transparence et s’opposent farouchement à toute numérisation», a-t-il indiqué. Et d’ajouter : «Il faut qu’il y ait une volonté politique d’aller vers une réforme du système financier, condition sine qua non pour le développement économique». Souhil Meddah a estimé que les groupes d’intérêt sont un phénomène qui existe et qu’il faudrait contourner à travers la régulation du marché. «Les centres d’intérêt sont et seront, bien sûr, contre, mais ils ne vont pas tenir éternellement», a-t-il conclu.
Amokrane H.