Le programme national de développement des énergies renouvelables est toujours dans la phase «intention», selon le président du cluster énergie solaire, Yaïci Boukhalfa.
Lors de son intervention, jeudi dernier, sur les ondes de la Chaîne 3, Yaïci Boukhalfa a noté qu’en dépit des discours et des promesses, très peu d’actions sont inscrites pour lancer la machine des énergies renouvelables d’une façon durable. «Des réticences sont toujours ressenties chez les acteurs chargés de le mise en œuvre de ce programme. Il est difficile pour ces derniers de passer du mode des énergies fossiles à celui des énergies renouvelables. Il est impératif donc de former les interessés sur ces dernières et vaincre ainsi leurs réticences», remarque-t-il.
En outre, si le programme n’est pas encore dans la phase de concrétisation, explique-t-il, c’est par manque d’investissements. Selon lui, tant que le prix du kilowatt/heure d’électricité est toujours aussi bas, il ne sera pas facile d’installer les systèmes solaires notamment. «C’est une contrainte qui ralentit la mise en œuvre du programme des énergies renouvelables. Il faudra réfléchir sur un mécanisme de subvention qui n’affecte ni les poches des citoyens ni les investissements. Il faut savoir que la suppression des subventions ne signifie pas que les montants des factures d’électricité vont doubler», précise-t-il. Cela fait plus de 10 ans, déplore-t-il, que ce programme est confronté aux mêmes contraintes qu’il faudra, aujourd’hui, absolument écarter pour que le pays puisse relever le défi de la sécurité énergétique et substituer le gaz naturel par les énergies renouvelables. Mais, jusqu’à présent, la vision d’une mise en œuvre n’est pas encore claire tandis que les objectifs chiffrés et le plan d’action sont inexistants.«On parle de produire plus de 1.000 MW/an dans le cadre du plan de croissance 2020/2024, alors qu’il faudrait commencer d’abord par produire entre 100 et 150 MW, dans le secteur agricole et dans le résidentiel, par exemple. Si l’on arrive à produire au moins 500 MW, on pourra dire que la machine des énergies renouvelables est lancée. Nous aurons plus de visibilité et, dans ce cas-là, les opérateurs voudront investir», assure-t-il.Une fois la machine lancée, poursuit-il, cela va booster la création d’entreprises dans ce domaine et de postes d’emploi. A ce propos, il estime que la priorité doit être donnée aux opérateurs locaux. D’autant plus que des entreprises, comme Nil, ont acquis une expérience considérable dans les projets financiers dans ce domaine. «Nous pouvons tirer profit de ces entreprises, de leur expertise dans les projets financiers relatifs à la production des énergies renouvelables et des centrales solaires. Nous gagnerons également à élargir ce domaine au secteur privé, surtout que beaucoup de nos opérateurs dans l’industrie ont investi dans ce créneau comme souhaité par les pouvoirs publics», dit-il.
Ce qu’il faut retenir, selon lui, c’est que l’heure est à l’action, par la levée tout d’abord des contraintes, par l’implication de nos compétences et universités et par le soutien aux opérateurs privés appelés à proposer des solutions locales à des tarifs abordables et prendre en considération le fait que les énergies renouvelables nécessitent une démarche à long terme exigeant une application rigoureuse. La réussite de ce programme dépend aussi, d’après lui, de la synergie entre le ministère de la Transition énergétique et celui de l’Industrie. «Des opérateurs comptent lancer des investissements dans ce domaine dans les prochains jours. Mais ils sont inquiets et appréhendent que les pouvoirs publics fassent appel à des entreprises étrangères. Si la machine est lancée, nous pourrons même aller vers l’exportation. Chaque kilowatt/heure produit à partir d’énergie non conventionnelle, on peut le certifier et l’exporter. Nous pouvons aussi aller vers la finance verte mais cette dernière n’est pas appliquée chez nous», conclut-il.
Farida Belkhiri