La première mouture du nouveau code électoral ne va pas tarder à «atterrir» chez les partis politiques, invités à faire leurs propositions. Certains d’entre eux estiment que le projet de révision du scrutin annoncé récemment par le président de l’Anie est le prélude à un changement profond dans l’organisation des élections et plaident pour la nécessité de bâtir des institutions élues représentatives et efficaces.
Pour Nacer Hamdadouche, président du groupe parlementaire du MSP, «il est important de consolider d’abord le rôle de l’Autorité nationale indépendante des élections pour lutter contre la fraude électorale et indispensable de rattraper toutes les failles des anciens textes en instaurant la transparence dans toutes les phases du processus électoral». «Eloigner l’argent sale est l’affaire de tous. Pour cela, il faut exiger des critères de candidature et respecter le principe d’égalité entre les partis car le contrôle des élections commence par une volonté politique et une implication de toutes les institutions de l’Etat», a-t-il poursuivi. «Le problème n’est pas dans le mode de scrutin mais dans l’urgence de rétablir la crédibilité des consultations électorales», assène-t-il. «Le nouveau cadre électoral doit être une consécration d’une vision commune et unificatrice qui naîtra d’un débat général», conclut-il. Mustapha Bouallag, député FLN, estime qu’il est «grand temps d’ériger des institutions élues de meilleure qualité et renfermant des compétences avérées». «Le nouveau code doit aussi revoir le mode de scrutin en fonction des particularités nationales», ajoute-t-il. «La décantation doit commencer aussi au sein des partis qui doivent exiger un minimum de conditions pour délivrer une carte de militant», renchérit-il avant de saluer la décision d’associer partis et personnalités au débat enclenché autour de l’avant-projet de loi. Belkacem Sahli, SG de l’ANR, rappelle que le parti a engagé ce chantier depuis mai 2011, en appelant à une réforme profonde du code électoral qui, déplore-t-il, «ne traduit pas de façon fidèle et juste les voix des électeurs». L’ANR envisage d’émettre beaucoup de propositions la semaine prochaine. Concernant le mode de scrutin, l’ANR a élaboré, en 2011, une étude sur la base de 17 modes électoraux appliqués dans le monde. «Chacun mode ne renferme que des aspects positifs», affirme-t-il. Il insiste surtout pour que «la révision passe par un dialogue consensuel qui colle avec la réalité sociopolitique du pays». Notre interlocuteur recommande, enfin, de lutter contre l’argent sale, l’élimination du monopole des partis, la promotion de la place de la femme et des jeunes et de revoir les conditions d’éligibilité des candidats». Safi Larabi, chargé de communication du RND, croit déceler dans les propos du président de l’Anie une volonté du gouvernement d’aller vers un changement du mode de scrutin pour faire émerger de nouvelles figures politiques à travers des listes électorales ouvertes et un choix populaire libre et transparent. Il croit savoir que la première mouture élaborée par la commission Laraba sera distribuée, à partir d’aujourd’hui, aux partis. Il fera remarquer, enfin, que le mode de scrutin implique la révision de nombreux textes dont celui relatif à la participation de la femme aux assemblées élues. Pour lui, «le nouveau code devra être l’occasion d’instituer un nouveau mode de scrutin conforme aux nouveautés introduites dans la Constitution et aux revendications populaires».
Karima Alloun